L'Allemagne, un pays européen majeur, pourrait bien prolonger son recours au charbon pour sa production d'électricité. Le contexte actuel met en lumière les défis de la transition énergétique.
L’Allemagne et l’utilisation prolongée du charbon
Contre toute attente, l'Allemagne réfléchit sérieusement à prolonger l'exploitation de ses centrales au charbon pour répondre à ses besoins en électricité. Cette décision est soutenue par le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, tant qu'une autre solution économique ne se présente pas.
Il est notable que la transition énergétique de l'Allemagne traversait initialement une phase d'accélération : l'arrêt de l'utilisation du charbon pour générer de l'électricité était prévu pour 2038, mais le nouveau gouvernement souhaitait avancer cette date à 2030. La réalité sur le terrain semble pourtant dessiner un tout autre paysage.
De l’urgence climatique à la réalité politique
Même si l'Allemagne reste ferme sur sa volonté de mettre un terme à l'utilisation du charbon d'ici 2030, certaines situations ont conduit à une révision de ce calendrier. Par exemple, pour faire face à la baisse des livraisons de gaz russe, le pays a augmenté son utilisation du charbon. De plus, plusieurs centrales au charbon, qui étaient censées fermer leurs portes en 2022, resteront opérationnelles jusqu'en 2024.
Des émissions de CO2 bien supérieures à la moyenne
Même avec cette position, l'Allemagne a vu ses émissions de CO2 grimper en 2022 pour atteindre 473 gCO2e/kWh, un niveau bien supérieur à celui de la France qui n'a pas dépassé 90 gCO2e/kWh.
Une opposition à la sortie du charbon
La décision de prolonger l'utilisation du charbon n'est pas sans opposition. Le ministre des Finances, Christian Lindner, est fermement opposé à ce plan. Selon lui, il faut assurer l'accessibilité et l'abordabilité de l'énergie avant de mettre fin à l'exploitation du charbon. Il reproche également la fermeture des centrales nucléaires et incite à un développement accéléré des énergies renouvelables.
Des questions de justice et de réalité
Lindner soulève également le problème d'injustice : les émissions de CO2 économisées en Allemagne pourraient se retrouver dans d'autres pays d'Europe, comme la Pologne qui est encore plus dépendante du charbon. De plus, le système d'échange de quotas d'émissions de CO2 en Europe lui semble problématique : les quotas non-utilisés par une centrale à charbon fermée peuvent rester en circulation.
Une solution via les réserves de gaz?
Dans ce contexte complexe, Lindner voit une opportunité d'accroître la production d'électricité au gaz. De fait, l'Allemagne a annoncé avoir atteint 100% de remplissage de ses réserves de gaz.
Au final, l'Allemagne, comme de nombreux autres pays, est confrontée à des choix difficiles en matière de mix énergétique. Le défi est de taille : trouver un équilibre entre les impératifs écologiques, économiques et sociaux.