Au cœur de la France, certaines régions, que l'on nomme “Zones non interconnectées” (ZNI), sont isolées du réseau électrique métropolitain, créant ainsi un défi unique en matière d'approvisionnement en électricité.
Les particularités des ZNI
Sans accès au réseau électrique français, les ZNI doivent générer leur propre énergie. La production d'électricité s'effectue souvent à partir de centrales à combustibles fossiles, bien qu'une transition vers les énergies renouvelables soit en cours. Les ZNI sont diverses en surface et en contexte, avec des territoires aussi petits que Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna et les îles bretonnes. Des régions comme la Corse, partiellement connectée au réseau principal, et Mayotte, où une croissance démographique accélérée stimule la demande en électricité, présentent des situations plus complexes.
Coûts de production et péréquation tarifaire
Produire de l'électricité dans ces zones isolées coûte plus cher qu'en métropole. Pour garantir un accès abordable à l'électricité, l'État intervient pour compenser ces coûts supplémentaires. Les ZNI bénéficient ainsi d'une péréquation tarifaire nationale, ce qui permet de maintenir les tarifs équivalents à ceux pratiqués en métropole.
Passé, présent et futur du soutien financier de l’État
Le financement de ces zones a considérablement évolué au fil du temps. Avant l'ouverture à la concurrence du marché de l'électricité au tournant des années 2000, EDF avait le monopole de l'énergie et tous les coûts des ZNI étaient couverts par les tarifs publics. Depuis 2015, c'est le budget de l'État qui compense ces coûts. En 2020, le soutien financier de l'État, indexé sur le prix des combustibles fossiles, a légèrement dépassé 2 milliards d'euros, puis 2,5 milliards en 2022. Les trois quarts de cette somme correspondent aux tarifs, le dernier quart finançant la transition énergétique.
Les prochaines dépenses de l'État s'orienteront vers la conversion vers les énergies renouvelables (ENR), incluant les biocarburants importés. Le but est de finaliser cette transition d'ici 2030, voire 2024 pour les zones les plus avancées en la matière.
Les recommandations de la Cour des Comptes
Face à ces enjeux, la Cour des comptes recommande de planifier sur le long terme pour éviter les ajustements fréquents des Programmations Pluriannuelles de l'Energie (PPE). Il serait judicieux que les gestionnaires de réseau proposent plusieurs mix énergétiques cibles à horizon d'une quinzaine d'années. Non seulement cela permettrait de limiter l'influence des politiques locales, mais cela aiderait aussi à mieux prendre en compte les contraintes et besoins du réseau. Enfin, la Cour estime que le rôle de la Commission de régulation de l'Énergie (CRE) doit être clarifié.